mercredi 31 août 2011

LA RENTREE


Mercredi 31 Août 2011 : Ca y est, les enfants ont fait leur rentrée scolaire.....
Commençons par le début. La première question casse tête : école française ou école québécoise ? Là, nous avons fouillé tous  les sites internet, les forums, questionné toutes les personnes autour de nous , en France, au Canada, les institutions, les professeurs, on ne peut pas nous reprocher d'avoir pris la décision sans nous renseigner et nous avons choisi...le système québécois. Pourquoi ?
1- L'approche très désagréable, très hautaine du collège français Stanislas à notre égard nous a d'abord bien refroidi. Mais pour qui se prennent-ils ? Il faudra leur dire que le temps du colonialisme est bien  fini. Cependant, l'avenir de nos enfants étant la priorité, nous décidons de faire fi de notre subjectivité et continuons notre quête vers le Graal de l'éducation. Nous fouillons alors les forums sur internet, récoltons les avis de personnes ayant mis leur enfant dans cet établissement ; les avis convergent : le complexe de supériorité de ce collège français, tel l'esprit colonisateur de jadis, la rigidité de son système (on fesse encore les enfants en primaire, on éjecte les écoliers en avril après avoir encaissé le chèque trimestriel !), le problème d'intégration des enfants, ne vont pas dans le sens de son épanouissement, ni de son envie d'étudier. Ils pensent que l'éducation à la française est meilleure que la québécoise. Ce n'est pas vrai, selon une récente étude publiée en décembre dernier par l'OCDE, le Québec arrive 3ème AU MONDE pour la lecture, na !.
2-La rentrée dans le système français scolaire après une scolarisation dans un établissement  étranger est possible.
3- Nous sommes venus au Québec en vue que nos enfants s’imprégnent de  la culture de leur père : la scolarisation québécoise semble être la meilleure façon de gagner leur pedigree québécois : ils apprennent l'histoire du Québec, (la colonisation vu par les colons et non les colonisateurs), sa civilisation, sa place dans le monde, l'histoire américaine et française en parallèle.
4- L'apprentissage y est beaucoup plus axé sur le participatif, l'interaction avec leur environnement ; par exemple en maths, ils s'inspirent de situations concrètes en économie, en politique.  Ils apprennent l'anglais avec des enseignants anglophones (l'apprentissage de l'argumentation orale est obligatoire : ils pourront presque passer le TOEIC à la fin !!! Je plaisante !). En art plastique, ils vont voir l'exposition de Jean-Paul Gaultier....
5-Le programme québécois intègre l'enseignement des autres cultures religieuses dans le monde afin de mieux les comprendre et  les respecter : une tradition canadienne que de développer l'esprit de la paix.
6-Le collège de notre quartier Paul Gérin Lajoie jouit d'une bonne réputation. Pourquoi s'en priver.

Maintenant le vécu....séquence émotions !
Notre aînée, Margot, est une adolescente de 15 ans, très affectée par la séparation avec ses copains et petit copain. Cela se comprend aisément. Elle reste donc accrochée à facebook, tel un montagnard accroché à sa falaise par un piton et un harnais, où tout décrochage peut lui être fatal : elle ne desserre donc pas les dents, reste fermée, arbore un air renfrogné et "culpabilisateur" pour ses parents geôliers. La rentrée s'est donc mal passée. C'est le premier jour et toujours pas une amie en vue ! C'est plus facile de se faire une amie sur facebook que dans la réalité !A moins qu'elle ne se plante devant une fille et lui demande :"tu veux être mon amie ?". Vu son air renfrogné, je doute que les autres aient envie d'en être ! Guy et moi sommes désemparés de la voir si triste et fermée à cette expérience qui va être si enrichissante. Certes, elle ne l'a pas choisi. Mais, au dire de Victor, elle va très bien quand elle est est seule,  rigole et lorsqu'elle arrive à la maison, elle part dans la grande comedia del arte !!
Notre cadet, Victor, c'est du bonbon. Il est ouvert à tout ce que le Québec lui offre de meilleur, du coup, il s'est fait un copain le premier jour. Marco. Comme lui, il joue de la batterie et sera dans son groupe.
Il est surpris de voir que les élèves tutoient les enseignants. Il a même réussi à faire avouer à Margot que les profs sont supers cool.

Le grand changement et leur cauchemar : les casiers à l'américaine ! Ils doivent déposer tous les matins leurs cahiers et livres de la journée dans ce casier et ne prendre avec eux que le nécessaire pour le cours à venir. Ils doivent donc descendre dans le sous-sous entre deux cours pour les déposer et reprendre les effets du cours suivant. Ce casier sera bien utile cet hiver pour y déposer tous les vêtements encombrants (manteaux, gants, écharpes) et ne garder que l'essentiel. Cela épargne également la colonne vertébrale du surchargement du sac qui pèse une tonne.

Les bonnes nouvelles : ils rentrent tous les jours à 8H45 et finissent à 15h15 ! Ils rentrent manger à la maison entre  midi et une heure ou iront dans les parcs manger leur sandwich avec les copains plus tard.

Je précise que nous avons inscrit nos enfants au CNED pour les enseignements manquants, soit la deuxième langue vivante et l'économie pour Margot.

Il nous reste maintenant à inscrire Margot et Victor aux cours de musique et de sport. Une nouvelle routine va bientôt se mettre en place.

Nous avons clos le chapitre des vacances. Nous nous préparons à ouvrir un nouveau chapitre : notre vraie vie au Québec !

Nous préparons déjà un voyage à New York début octobre chez notre amie Suzanne.
Ah Suzanne ! Je profite de cet article pour remercier chaleureusement Suzanne, une amie de collège de Guy, qui est devenue mienne. Je te remercie pour ton dévouement à renouer les liens du cercle des "Bréboeuviens" disparus, à nous faire rencontrer et organiser des soirées mémorables. Merci infiniment pour ton accueil, ta grande disponibilité et ton amitié. Tu as toute la nôtre.
J'espère que mes enfants sauront trouver une amie aussi fidèle que toi qui saura garder les liens durant 30 ans....

dimanche 28 août 2011

QUAND TU AIMES IL FAUT PARTIR

Est le titre d'un livre de Alina Reyes que je vous invite à lire pour exulter la voyageuse amoureuse qui est en vous. Oui Il faut partir, s'exiler ensemble pour mieux se retrouver, faire entrer de l'oxygène nouveaux dans ce sang qui abreuve votre coeur battant. L'oxygène sous toutes les formes : de nouveaux paysages, de nouveaux visages, de nouveaux parfums, des nouvelles toiles, de nouveaux mets, de nouveaux vins, de nouvelles connaissances, croiser d'autres chemins de vie, et vous revivez....Prendre un nouveau souffle, prendre des risques pour se sentir exister, se redécouvrir, se donner une nouvelle chance, prendre le masque d'un nouveau personnage, se redécouvrir soi même, faire le bilan de sa vie passée, mesurer les changements et  repartir à zéro, faire peau neuve, renaître....Partir, repousser la fin, griller l'existence tant qu'elle existe, repousser la limite, se tricoter des souvenirs, se rebroder la tapisserie de Bayeux avec sa propre histoire et repousser la fin de la fresque de sa vie, ....Ajouter des morceaux de vie, lâcher le fil d'Ariane qui vous ramène à la réalité, inventer chaque jour sa vie, créer ses petits bonheurs, redécouvrir la chose jolie qui vit dans chaque chose et s'en réjouir. Prendre de la distance, expérimenter sa capacité à s'ouvrir au monde, sortir du cadre et trouver un intérêt nouveau, une nouvelle perspective de vie, un nouvel angle de prise de vue sur le monde.
Prendre le temps de s'occuper de nous.

Vivre sur une baloune ...


... c'est un peu ce que nous vivons à tous les quatre. Comme un petit rêve, celui qu'on s'est fait depuis un moment.

Comme cette journée féérique que nous avons passé au festival des montgolfières à Saint-Jean sur Richelieu. Comme des gamins, accrochés à chacune de ces grandes bulles de couleur comme si elles pouvaient nous emporter.



 Une fête comme on sait en organiser ici, avec un soleil des plus magnifique, une foire pour amuser les enfants et les parents (y a qu'à voir les têtes sur les photos), des hot-dogs, des "crèmes en glace à la vanille avec un coating au chocolat", que demander de plus ?

Encore une journée de bonheur qu'on a mis dans la valise.

[GM]

mercredi 24 août 2011

LES ETATS UNIS D'AMERIQUE

Ca y est, nous avons passé les lignes. Non, nous ne sommes pas en guerre, nous sommes juste allés titiller les douaniers de l'oncle Barack. Accrochez vos ceintures, on est parti.
Enfin, '"accrochez vos ceintures" est une expression française qui s'accompagne d'un véritable danger vu la vitesse et la nervosité avec laquelle les bérets conduisent en France. Non, ici, la limite de vitesse est à 100 km/H, soit 60 miles, et croyez-moi, on ne se décoiffe pas, même en décapotable. On a le temps de regarder le paysage défiler en long en large et en travers. On peut même descendre de voiture, faire une photo, prendre la pose, en profiter pour se vider la vessie et remonter un peu plus loin dans son char. Nous roulons donc avec la radio pointée sur une station américaine qui débite des publicités version long métrage ; on ne comprend pas tout, mais c'est évident,  l'Amérique nous attend, ils savent qu'on arrive,  ils en parlent à la radio...vu le ton enthousiaste des journalistes, ils sont ravis qu'on vienne dépenser notre argent chez eux..!! L'ambiance dans notre cockpit déborde de jovialité, nous sommes tous les quatre très excités à l'idée d'aller aux ETATS UNIS D'AMERIQUE. Même si nous y sommes déjà rendus Guy et moi en Avion, s'en rapprocher en voiture est comme découvrir une île en bateau, s'approcher d'une flamme et sentir la chaleur devenir brûlure, l'excitation est celle d'un enfant devant son cadeau de noël (version autrefois l'enfant devant son orange, parce que maintenant, même un cadeau à 500 €, ça ne fait plus battre le coeur de personne...), bref, nous avons quatre enfants dans une voiture qui s'apprête à découvrir le Nirvana, l'excitation est à son comble quand nous arrivons aux lignes et que nous découvrons avec béatitude un é-nor-me bandeau qui prend toute la largeur du péage, soit 500m, sur 3 m de hauteur, UNITED STATE OF AMERICA. Ca y est nous y sommes ! Entendez-vous la musique comme dans les films d'aventure, où l'aventurier découvre le trésor ? Style Carmina Burana !


Bon, la musique se calme, nous marquons un premier stop devant une ligne blanche pour prendre la pose car un dispositif photo vous prend une première empreinte visuelle de votre passage, histoire de montrer leur hospitalité aux nouveaux arrivants, comme lorsqu'on reçoit des amis, on veut immortaliser le moment. Bon en général, la prise de vue est soignée:  attablé devant un pastis et un bol d'olives noires à la grecque, mais ils n'ont pas le temps, ça se comprend...!! Bref, on franchit cette première ligne (d'où l'expression, "on passe les lignes", il n'y en pas qu'une).Puis on s'arrête devant une deuxième ligne, histoire d'attendre que le touriste de devant déblatère son histoire, puis vient notre tour de nous approcher du douanier.Un vrai policier,  digne des films américains, avec ses lunettes de soleil, sa posture froide et son accent à couper au couteau. Guy commence donc à raconter notre histoire d'échange de maison et de voiture, et le douanier, interloqué :"What? You have exchanged your house and your car? That must be a European thing ... !!! What else? (Quoi? vous avez échangé votre maison et votre voiture ? Ce doit être un truc d'européens ça !!! Quoi d'autre ? Sous entendu, et votre femme ?) Donc, étant européenne, nos passeports sont restés entre les mains du douanier et avons été dirigé vers une voie de garage afin de passer par le filtre administratif. Nous sommes rentrés dans un bâtiment à l'air conditionné, et là, nous avions rendez-vous avec l'Amérique latine... Ça parlait espagnol tout autour de nous ! Nous étions partis pour passer UNE journée aux USA, j'ai vu le moment où nous allions passer LA journée au poste vu le monde assis qui attendait son tour. Pendant ce temps, alors que je balayais du regard mon environnement et mesurais la galère d'être citoyenne d'un pays dont son 1er diplomate n'est pas en état de grâce, mon attention s'arrêta sur le portrait de Barack Obama, le premier président noir des Etats Unis d'Amérique. Je n'en reviens toujours pas ! Si seulement on pouvait l'échanger avec le nôtre !!!  C'est quand même incroyable ! Je me souvins alors de ce jour d'élection historique, cette vague, ce tsunami d'espérance collective pour la paix mondiale, la revanche sur l'histoire, sur le racisme; la lutte de Martin Luther King n'a pas été vaine. Chaque petite victoire sur le racisme a contribué à construire les marches qui ont conduit Barack Obama au sommet. Finalement,  "Miss Sordier" vint m'arracher de mes pensées  et j'ai du re-expliquer mon histoire d'échange de maison, de voiture... Je craignais une chose : que nous ne puissions pas prouver que la voiture nous était bien prêtée, vu que nous n'avions pas pris le soin de prendre le contrat d'échange avec nous, et qu'ils nous demandent de la laisser au poste. Mais non, ils m'ont gratifié d'une autorisation de 90 jours. Merci Barack ! Un petit clin d'oeil et nous voici sortis de l'office, une heure après seulement. Nous voici libre !! Amérique nous voici !!

mardi 9 août 2011

Oh my God...Oh my God, ... Oh my God

Is what I  first said to my husband  when I entered the COSTCO shop (then I thought about you Suzanne....!!). It's so huge !!!! (No, not you Suzanne !!!) C'est ce que j'ai pensé quand je suis rentré dans le plus grand supermarché jamais vu de ma vie : E- NOR-ME !! COSTCO est le nom de ma plus grand stupéfaction depuis mon arrivée au Canada. Même mon Canadien de mari n'avait jamais vu une telle superficie de magasin !!! Ils vendent de tout : au fur et à mesure que mon regard balayait les titres des  rayons, mes repères de petite française provinciale chaviraient : à l'entrée à gauche, vous pouvez choisir les pneus de votre voiture.(Ils ne vendent pas encore la voiture qui va avec les pneus, qui va avec la remorque pour tirer le bateau qui vous permettra d'aller pêcher sur un lac avec la canne à pêche de vos rêves alors que vous êtes venu acheter simplement ....des cotons tiges..!!)   Au fond, devant vous, vous pouvez donner votre ordonnance médicale à un pharmacien qui vous donnera vos médicaments ; à droite au fond, vous avez  le rayon phare de tout bordelais, ou bazadais qui se respecte : la Boucherie, et entre mon point d'entrée et ce but ultime, vous entrez dans un abîme de fournitures en tout genre : l'équipement de hockey, les livres (comme si les hockeyeurs étaient les recrues de Hypocagne  (argotiquement classe de préparation à la khâgne, classe préparatoire à l'école normale supérieure de lettres en France), les vêtements, les gâteaux, les produits laitiers, les fruits , légumes,...mais la stupéfaction ne réside pas tant dans la variété des produits proposés, elle émane de la QUANTITE du pakaging : Les échalotes par kilo, les kookies par kilo, le bacon par kilo, les croustilles de porc par 4 kg, les timbres postaux  par 100, et là je vous devine en train de sourire et penser ...c'est normal, c'est comme le métro des commerçants, ..et bien non, c'est bel et bien pour les particuliers....Les rayonnages sont aussi hauts que ceux de chez IKEA, avant d'atteindre les caisses en bas...Vous voyez ?. Voilà, imaginez-vous en train de faire les courses culinaires dans les réserves de  IKEA.... sauf que l'on ne vous a pas fourni  le petit crayon à papier pour noter le rayonnage et le mètre jaune pour mesurer et s'assurer  que cet encombrement rentre bien dans vos placards ou votre congélateur ... !!!

Cette immensité vous submerge, cette bouffe (à ce degrés là d'abondance, c'est la grande bouffe) vous étouffe, vous attrapez une indigestion en regardant seulement  l'emballage des produits.... Comment ne pas penser à cette partie du monde où les populations meurent de faim....Après la stupéfaction vient la colère, rapidement envahie par l'indignation. Quel déséquilibre !! C'est un autre débat !! Puis vient le moment de payer.....Là, surgissent deux grosses gouttes qui coulent de chaque côté de votre visage, des tempes jusqu'à la bas- joue...La note aussi est E-NOR...ME !! Vous avez rempli votre chariot car les prix sont malgré tout intéressants...Alors, on vous demande,"T'as-tu la carte d'adhérent ?", Bien sûr que non, on vient d'arriver...Là on veut payer avec la carte de crédit , mais ils n'acceptent pas la Master Card, ... Alors on vous invite à aller débiter votre compte au guichet automatique, après les caisses....  Vous revenez alors avec le butin, tremblant, et on vous accompagne jusqu'au comptoir de l'entrée pour éditer votre carte d'adhérent. Puis, on vous demande de vous poster devant la caméra pour prendre votre photo afin de personnaliser votre carte et immortaliser ce moment de grande stupeur. (Ils ne prélèvent pas encore les empreintes ADN...) Vous sortez enfin de cette prison quand une personne à la sortie du magasin vous  demande votre facture et votre carte pour s'assurer que vous avez bien payé et êtes bien le membre privilégié de cette institution américaine. Encore du contrôle..!! Avant qu'on vous demande votre facture à la sortie de Super U en France, ..Ce sera pour dans 10 ans, vu que la France a 10 dix ans de retard....sur les inventions américaines, bonnes et mauvaises.... On se demande qui est en retard par rapport à qui, est-ce ça le progrès ? Peut-on vraiment parler de retard ? Pourquoi nous considérer comme des retardés ? Le clou final : on se dirige vers la sortie, et là un déluge s'abat sur vous, il fait nuit, Guy et moi nous trempons pour charger les victuailles dans le coffre, on s'assoit enfin dans la voiture et là on se met à pleurer ...de rire..!! Ce que nous venions de vivre allait rester dans notre mémoire à tout jamais et jalonner notre complicité de 17 ans d'une nouvelle anecdote !


[CM]

dimanche 7 août 2011

Les jeux interdits - 1

En ce samedi ensoleillé, nous sommes allés à la plage. Une journée qui s'annonçait belle, une agréable sensation de légèreté de l'être nous transportait quand, du haut de son guichet, la douanière du parc naturel du  Cap Saint Jacques nous assigna à 15h 00 de payer un droit forfaitaire de 20 Dollars pour stationner sur le parking de la plage. Guy et moi nous regardâmes et ce fût notre premier coup d'assommoir* (Définition d'un assommoir : Dans une place forte, il s'agit d'une trappe (le poste de péage) placée au-dessus d'un couloir étroit (le péage) permettant aux défenseurs (la gardienne) de laisser tomber des projectiles divers (assignation de payer) sur l'assaillant (nous les touristes)). Bon, nous nous dirigeons un peu contrariés vers la plage surveillée. Une petite plage qui pourrait rappeler le lac de Lacanau, mais en mieux, on est quand même au Canada....On n'a pas fait tout ce chemin pour nous retrouver au lac de Lacanau...Non mais ...Nous nous allongeons sur la plage de sable fin, tranquillement, nous ouvrons nos livres et reprenons l'histoire où nous l'avions laissée grâce à notre marque page quand celui -ci tombe par notre tressautement  à l'annonce sifflée par le maître nageur dans le haut parleur ...."Il est formellement interdit de boire des boissons alcoolisées sur la plage et de fumer sous peine d'amende". Guy et moi nous regardâmes à 15H30 : 2 ème coup de tonnerre. On paie et il faut en plus s'abstenir de boire une bière...Alain, Jojo,  au secours  !! Bon,  nous profitons à fond de l'eau à bonne température, le cadre sauvage nous enchante, nous passons une agréable après-midi malgré tout. Nous reprenons la route, et là, en passant devant un lotissement, quelle ne fût pas notre stupéfaction en voyant ce panneau à 17H 45:  




  Les voisins vous regardent, vous guettent, vous traquent, vous dénoncent à la police, si ils suspectent une anomalie chez vous....Au secours la liberté..!!! Bon, nous continuons notre route, rentrons chez nous et décidons d'aller courir, histoire de nous divertir l'esprit et rebondir sur du positif. Nous nous glissons dans nos chaussures de sport à 19H00 et partons gaiement vers le Mont royal.....où dès les premiers cent mètres, nous sommes ralentis par un panneau: interdit de courir à plus de 20Km.h! Mère liberté, où es-tu ?



Nous freinons donc notre allure au cas où les voisins nous regardent ...!!! On a assez eu de souci avec la justice  comme ça...Nous rentrons donc par un chemin détourné que Guy nous propose, histoire de diversifier notre parcours. Il nous guide donc vers un petit passage secret et là,  à 19H30, se tient droit comme la justice  à l'entrée, le panneau :


Mais c'est pas vrai, big brother is really watching us, Grand frère nous regarde vraiment....
Du coup nous accélérons, terrorisés, en espérant ne pas dépasser les 20 km/h, au cas où les voisins nous regardent,...
Nous nous mettons à table, histoire de nous réconforter de ces contrariétés, sans boire d'alcool et sans fumer bien évidemment, et décidons de ne pas céder à la paranoïa et partons nous promener vers le belvédère pour contempler cette ville accueillante de Montréal, (dixit les guides touristiques). Nous cherchons à parquer notre char et là, à 21h15, un autre panneau s'érige devant nous :


Interdit de stationner plus de 3 minutes entre 21h00 et 6h00 ....

Mère Liberté, que t'ont-ils fait ? Je ne te vois plus..Où es-tu ? Serais-je donc orpheline ?

En une seule journée, nous avons été assignés à 5 interdictions. Qui fait mieux ? Le défi est lancé..

Ici, Corinne Melançon pour Bernos news, à vous les studios...


Jogging urbain

Ca change du Ciron et de la Gouanère bien évidemment, qu'on troque pour le Lac aux Castors, on est soulagé des orties qui ne viennent pas vous chatouiller les jambes. On ne retrouve pas à quatre ou cinq parmi les fougères, on croise plutôt près d'une centaine de joggeurs sur un large sentier de terre battue ...

Mais on reste tout de même étonné de trouver un parc de verdure au coeur de cette ville. Et c'est à deux pas de la maison.

Voyez plutôt (suffit de cliquer sur le lien) -- soyez patients, la vidéo fait environ 5 minutes / 100M.

[GM]

jeudi 4 août 2011

La gastro

...nomie, comme dans bonhomie. Ca se soigne, suffit d'aller à la pharmacie.

Enfin ... avant de trouver le comptoir pour faire remplir sa prescription, on tombe sur les poêles en téflon, les cartes de souhaits, les jouets pour enfants, les bibelots souvenirs des Canadiens de Montréal, des boîtes de tomates en conserve, des chocolats. Le bureau de poste. Pour les cigarettes, faut attendre le passage en caisse*. J'en ai même profité pour acheter une boîte de gâteaux May West.

C'est que le Québec, celui d'aujourd'hui mais je pense surtout à celui qui m'a vu grandir, peut certainement réclamer sa place au panthéon des atrocités gastronomiques. Et assez bizarrement, je me suis mis à énumérer, et proposer à ma tribu de partager avec moi ces grands moments de retrouvailles avec mon enfance. Oubliez la poutine, cette invention récente -- certe bien inscrite dans la lignée des inventions culinaires moribondes de La Belle Province -- à laquelle je ne me suis jamais adonné.

Non, je vous parle de ...

- Les carrés aux Rice Krispies: 450g de guimauves (des shamallows -- j'ai jamais su où les français sont allés trouver ce néologisme) fondu dans 1/4 de tasse de beurre. Vous y mélangez 6 tasses de Rice Krispies, empaquetez le tout dans un moule beurré.
- Les Pop-Tarts, rendus célèbres avec les têtes à claques. Mon fils en redemande mais hésite à goûter les originaux fourrés à la gelée de fraise, enfin 'goût fraise' avec tous les additifs chimiques de convenance. Glaçage au sucre parsemé de cristaux colorés -- du sucre, encore du sucre.
- Les whippets, ces biscuits fourrés à la guimauve et recouverts de chocolat ... La tradition veut qu'on les tape pour bien les applattir avant de les croquer, va savoir pourquoi, un truc de gamin encore ...
- Les biscuits à l'érable. Ceux-là ont du succès et ont remplacé pour l'instant (pour combien de temps ?) les speculoos.
- Le Jell-O. Unanimité: c'est dégueulasse !!! Pourtant, je m'en suis avalé des mètres cubes quand j'étais gamins. Recette des plus facile: mettez le contenu de l'enveloppe dans de l'eau bouillante, passage au frigo 3h. Vous avez une jolie gelée au parfum des plus chimique, ça doit être utile pour éloigner les moustiques (goût citron !).
- Les cretons, variantes québécoises des rillettes. Pas atroce, mais pas compétiteur des conserves de ma belle-maman.

Tout n'est pas à jeter. On se régale du blé d'Inde. La bière n'a pas à rougir devant celle des chtis. Pour la bidoche, eh bé ... c'est plus difficile quand on est du pays bazadais. On a pas encore trouvé notre bonheur. On va tenter aujourd'hui le marché Atwater, on nous a parlé de la boucherie de Tours.

On vous tient au courant.

[GM]

* Tout ça est véridique, vérifié sur site à la pharmacie Jean Coutu face au supermarché Métro hier. Parlez-en à Ivan, ça pourrait l'inspirer ...

bonhomie [bɔnɔmi]

Qualité du bonhomme, de celui qui est à la fois bon de coeur et simple de manières. Le mot n'est pas forcément le plus joli, il a un pendant péjoratif qu'il faudrait effacer. Mais je crois bien que c'est exactement ce qui caractérise les québécois, au moins lors des premiers contacts, informels.

Dans les boutiques, le client est abordé facilement, avec gentillesse. Ma fille vous le dira, elle a fini par tomber son masque de marquise du bourg de Bernos. Les vendeuses ne vous scannent pas de la tête au pied pour évaluer votre capacité à sortir de leur cagibi en ayant fait chauffé la carte bleue -- je cite là une qualité bien bordelaise, très manifeste dans les boutique du Triangle d'Or.

Cette bonhomie des québécois -- je la connais, je suis tombé dedans quand j'étais petit, est à l'image de leur capacité à renouer dans l'instant avec des gens à qui/de qui on n'a pas donné/eu de nouvelles depuis des lustres. Cette qualité n'est peut-être pas réservé aux québécois. Toute la tribu apprécie cette ouverture et cette 'bonhomie'. On la sent même lorsqu'on se retrouve dans la foule, on ne sent pas à Montréal un stress comme celui qui habite Paris.

Je crois bien que ce plaisir que nous avons maintenant tous à apprécier ces qualités des québécois présage d'une insertion facile à l'école. La journée d'hier aura fini d'en convaincre Victor et Margot.

Voilà pour les mots gentils à l'endroit des gens qui habitent mon ancienne vie. Profitez-en, ça pourrait ne pas durer ... Parce que bon, le meilleur de l'humanité ..., on en reparle.

[GM]

Les filles avec les filles, les gars avec les gars

Grande journée hier. Montréal est en ébullition l'été. Le festival de jazz était déjà terminé lors de notre arrivée, mais nous avons pu attraper deux journées au festival juste pour rire et se régaler de la joie de vivre montréalaise. Depuis hier, la ville vit son festival "Mode & Design", défilé de mode en plein air, musique techno crachée à fond sur l'avenue McGill College. En soirée, le carrefour et la place prenaient des allures New-Yorkaises.

On est loin de le rue Fondespan et de la place de la Cathédrale, ... Monndiou !!! Ma fille -- faut savoir qu'elle s'est définie depuis son arrivée comme l'ambassadrice de Bazas. Elle a réussi à bouder presque tout ce que le Québec a de meilleur à offrir à l'humanité depuis qu'elle y a mis les pieds.

Hier, l'ambassadrice a commis une infidélité avec sa ville. Elle était ravie de se retrouver dans une grande métropole, les étoiles dans les yeux à admirer les modèles de la dernière collection de Jean-Paul Gaultier qui défilaient sous une musique assommant de basses tonitruantes les thèmes des films de 007 et les grands succès de Amy Winehouse. Un moment de bonheur pour toute la tribu.

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Cette grande expérience de la mode a happé les filles déjà l'après-midi. Sans courage, nous -- les gârs -- nous sommes rappliqués au parc Jeanne-Mance avec l'intention ferme de taper des balles (je vous parle de baseball, pas de palla, pff). Le jeu prévu au départ entre le papa et son garçon a pris une allure des plus sympathiques. On a vite trouvé une bande de copains qui se donnent rendez-vous les mercredis pour jouer un match, c'est selon le nombre qui se pointe. Eh bé, je peux vous dire, que mon Victou s'est sacrément débrouillé, et à tous les postes. vas-y que j'attrape la balle au champ, vas-y que je remette la balle au deuxième, vas-y que je te retire le coureur, vas-y que je me place sur les coussins.

Le papa, lui, s'est amusé comme un ado à courir et à retrouver ce sport qu'il avait rangé depuis trop longtemps parmi ses souvenirs de gamins. J'ai eu toute la soirée pour me souvenir que j'avasi eu mes 50 ans cette année :-)

[GM]

lundi 1 août 2011

L'oeuf ...

... ou la poule. Au diable la chronologie, faut que je raconte l'épisode d'hier.

Après une petite déception de pas arriver à organiser une virée au Lac Saint-Jean, me vient l'idée de regarder si le restaurant L'oeuf du village de Mystic existe toujours.

La région est toujours aussi belle, verte, peuplée d'anglais loyalistes qui l'ont préservée et chouchoutée. Et hop, nous voilà partis au pays des souvenirs. J'étais autrefois garçon de café à l'Oeuf (deux étés de rang), et hier soir client de cet endroit chaleureux. J'ai retrouvé les lieux, les odeurs. Et Pierre, toujours aussi bavard, avec des histoires abracadabrantes sur tous les habitants du village ou de celui d'à côté. "Hey, je me souviens qu'on avait eu du fun à travailler ensemble", ça m'a touché au coeur.


J'ai vu hier le restaurant et la boutique qu'il rêvait de développer à l'époque. Et plus encore, il fabrique son chocolat. Toute la tribu s'est régalé de la bonne cuisine de L'oeuf et des souvenirs qui nous y ont emmené. C'était une exquise façon de retrouver cette jolie région. On s'est promis d'y retourner. Des gens du village voisin de Bedford sont à développer un chenil pour proposer des ballades en traîneau à chiens. La bonne idée.

C'est que Bedford m'a vu devenir une grande personne. Je vous ai peut-être déjà expliqué pourquoi je m'étais mis aux mathématiques ? A cause de mon passage à Bedford. Je prenais soin de la ferme de Paul Bouchard, et ça cogitait sérieux sous mon crâne. Ca cogite un drop-out, croyez-moi, quand il doit tenir son potager pour remplir son assiette. Je l'ai retrouvé hier mon Monsieur Bouchard, la petite maison de ferme, les bâtiments. Nos retrouvailles n'ont pas été mutuelles, c'est qu'il doit avoir ses 90 ans mon Monsieur Bouchard. Bedford, ça a été beaucoup de lecture (l'intégrale de Boris Vian, Camus, Sartre, je me suis même essayé à Hegel, ouf, pas réussi). Beaucoup de temps passé au bar du village avec des copains, Michel le motard qui travaillait aux douanes et qui préparait un débâcle au sud du sud des Amériques avec sa blonde (je n'ai jamais su s'il avait fait le périple ...). Qu'est-ce que ça rigolait quand je me pointais là avec ma tarte aux pommes. Le village a changé, mais certaines choses sont restées. J'ai reconnu Barry, le "hamburger joint" du coin.

Un point tournant, une branche dans l'arbre. Une étape, délicieuse, décisive.

[GM]

Vive la bouffe



C'est pas moi qui le dit. Et c'est pas tout-à-fait une surprise. Qui ne connait pas ces études américaines, témoins de la fascination des nord-américains pour ces français d'une longévité légendaire qui après tout n'hésitent pas à se régaler de canards gras et de bons vins ? (En passant, je suis en train de dire que les québécois sont des américains, voui, voui, faudra que je retouche ce sujet sensible.)

De ce côté-ci, on a remplacé le dicton "Tout est bon dans le cochon" par un simple "Tout est dans la grosse portion". Je grossis évidemment le trait, mais c'est tout de même une règle qui tient dans pas mal de lieu de restauration. Tiens, le soir même où Bernos se délectait d'une entrecôte (nous avons bien reçu la résonnante nouvelle, nos portables sont encore sous le choc), nous étions assommés de homards - merci David et Betty Ann. Un régal. Chacun à débattre avec sa bête. Et le plaisir de goûter la chaire du homard dans l'état, jusqu'à plus pouvoir. Un Vouvray frais sur le crustacé, puis deux joyaux français qu'avait porté Suzanne, venu de New-York et à même d'échapper au piège de la SAQ. Le Chateauneuf-du-Pape était somptueux (L'accent de La Roquète 2006), épicé et équilibré et convenait parfaitement aux crevettes de Matane en salade et surtout à cette "sauce" (non, ce n'était pas une vinaigrette) dont Betty Ann a le secret. Les fromages qui ont suivi ont été exaucé d'un Haut-Bailly 2006. Merci, merci, Suzanne.
Dans mon pays -- je parle de Bernos, ses environs et de manière générale, le pays où il faut parfois/souvent batailler le garçon pour passer commande, la table est un moment accessible à tous. Les cafés routiers, les guinguettes, les bistrots, les brasseries, les restaurants ... voilà une énumération rapide de la hiérarchie de tables qu'on peut choisir selon son envie, ses moyens. Dans mon autre pays -- celui que je retrouve cette année, la table prend rapidement une allure d'exception, et les prix suivent. Une crêpe campagnarde, un quart de vin de table, un dessert, un café se chiffre à trente euros, même hors de Montréal. A Montréal, vous prenez une glace avec vos deux petits que le billet de 20 dollars ne suffit pas. Comme si le client devait se montrer satisfait de pas pouvoir finir tellement la portion est grande, la glace est immense -- comme si le plaisir se mesurait aux efforts déployés par le foie et le pancréas pour en arriver à bout.

Et ça rime avec le prix des vins. Une horreur, une hérésie, un vin rouge produit dans le sud du Québec au prix d'un grand Médoc (!). C'est pas plus mal, on va essayer de perdre du poids (essayer, j'ai dit) -- faut se consoler.

[GM]