mercredi 24 août 2011

LES ETATS UNIS D'AMERIQUE

Ca y est, nous avons passé les lignes. Non, nous ne sommes pas en guerre, nous sommes juste allés titiller les douaniers de l'oncle Barack. Accrochez vos ceintures, on est parti.
Enfin, '"accrochez vos ceintures" est une expression française qui s'accompagne d'un véritable danger vu la vitesse et la nervosité avec laquelle les bérets conduisent en France. Non, ici, la limite de vitesse est à 100 km/H, soit 60 miles, et croyez-moi, on ne se décoiffe pas, même en décapotable. On a le temps de regarder le paysage défiler en long en large et en travers. On peut même descendre de voiture, faire une photo, prendre la pose, en profiter pour se vider la vessie et remonter un peu plus loin dans son char. Nous roulons donc avec la radio pointée sur une station américaine qui débite des publicités version long métrage ; on ne comprend pas tout, mais c'est évident,  l'Amérique nous attend, ils savent qu'on arrive,  ils en parlent à la radio...vu le ton enthousiaste des journalistes, ils sont ravis qu'on vienne dépenser notre argent chez eux..!! L'ambiance dans notre cockpit déborde de jovialité, nous sommes tous les quatre très excités à l'idée d'aller aux ETATS UNIS D'AMERIQUE. Même si nous y sommes déjà rendus Guy et moi en Avion, s'en rapprocher en voiture est comme découvrir une île en bateau, s'approcher d'une flamme et sentir la chaleur devenir brûlure, l'excitation est celle d'un enfant devant son cadeau de noël (version autrefois l'enfant devant son orange, parce que maintenant, même un cadeau à 500 €, ça ne fait plus battre le coeur de personne...), bref, nous avons quatre enfants dans une voiture qui s'apprête à découvrir le Nirvana, l'excitation est à son comble quand nous arrivons aux lignes et que nous découvrons avec béatitude un é-nor-me bandeau qui prend toute la largeur du péage, soit 500m, sur 3 m de hauteur, UNITED STATE OF AMERICA. Ca y est nous y sommes ! Entendez-vous la musique comme dans les films d'aventure, où l'aventurier découvre le trésor ? Style Carmina Burana !


Bon, la musique se calme, nous marquons un premier stop devant une ligne blanche pour prendre la pose car un dispositif photo vous prend une première empreinte visuelle de votre passage, histoire de montrer leur hospitalité aux nouveaux arrivants, comme lorsqu'on reçoit des amis, on veut immortaliser le moment. Bon en général, la prise de vue est soignée:  attablé devant un pastis et un bol d'olives noires à la grecque, mais ils n'ont pas le temps, ça se comprend...!! Bref, on franchit cette première ligne (d'où l'expression, "on passe les lignes", il n'y en pas qu'une).Puis on s'arrête devant une deuxième ligne, histoire d'attendre que le touriste de devant déblatère son histoire, puis vient notre tour de nous approcher du douanier.Un vrai policier,  digne des films américains, avec ses lunettes de soleil, sa posture froide et son accent à couper au couteau. Guy commence donc à raconter notre histoire d'échange de maison et de voiture, et le douanier, interloqué :"What? You have exchanged your house and your car? That must be a European thing ... !!! What else? (Quoi? vous avez échangé votre maison et votre voiture ? Ce doit être un truc d'européens ça !!! Quoi d'autre ? Sous entendu, et votre femme ?) Donc, étant européenne, nos passeports sont restés entre les mains du douanier et avons été dirigé vers une voie de garage afin de passer par le filtre administratif. Nous sommes rentrés dans un bâtiment à l'air conditionné, et là, nous avions rendez-vous avec l'Amérique latine... Ça parlait espagnol tout autour de nous ! Nous étions partis pour passer UNE journée aux USA, j'ai vu le moment où nous allions passer LA journée au poste vu le monde assis qui attendait son tour. Pendant ce temps, alors que je balayais du regard mon environnement et mesurais la galère d'être citoyenne d'un pays dont son 1er diplomate n'est pas en état de grâce, mon attention s'arrêta sur le portrait de Barack Obama, le premier président noir des Etats Unis d'Amérique. Je n'en reviens toujours pas ! Si seulement on pouvait l'échanger avec le nôtre !!!  C'est quand même incroyable ! Je me souvins alors de ce jour d'élection historique, cette vague, ce tsunami d'espérance collective pour la paix mondiale, la revanche sur l'histoire, sur le racisme; la lutte de Martin Luther King n'a pas été vaine. Chaque petite victoire sur le racisme a contribué à construire les marches qui ont conduit Barack Obama au sommet. Finalement,  "Miss Sordier" vint m'arracher de mes pensées  et j'ai du re-expliquer mon histoire d'échange de maison, de voiture... Je craignais une chose : que nous ne puissions pas prouver que la voiture nous était bien prêtée, vu que nous n'avions pas pris le soin de prendre le contrat d'échange avec nous, et qu'ils nous demandent de la laisser au poste. Mais non, ils m'ont gratifié d'une autorisation de 90 jours. Merci Barack ! Un petit clin d'oeil et nous voici sortis de l'office, une heure après seulement. Nous voici libre !! Amérique nous voici !!

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